AVERTISSEMENT : LE TCHAD EN ROUTE VERS UNE NOUVELLE GUERRE CIVILE
Par: Yves Tallot - La Rédaction CharilogoneCe qui semble plaire au régime MPS-Kaka, c’est la mise en scène politico-judiciaire autour de Masra Succès. Mais cette stratégie risque fort d’être contre-productive, hélas.
Un procureur sérieux aurait immédiatement vu que l’élément sur lequel repose l’accusation est antérieur aux événements reprochés. Le vrai problème, lui, est ailleurs : c’est celui des tensions structurelles entre agriculteurs et éleveurs, un enjeu économique et social majeur que l’État a la responsabilité de résoudre en profondeur. Dans ces conditions, il n’y avait aucune justification à une garde à vue, encore moins à une détention préventive.
Je ne suis pas nécessairement un partisan de Masra Succès. Mais en tant qu’observateur, je ne peux rester complaisant face à cette dérive autoritaire d’un régime tribal et brutal dirigé par le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno.
Arrêter un leader — même contesté — qui bénéficie d’un large soutien au sein d’une composante ethno-politique du pays, c’est prendre le risque d’ébranler gravement la cohésion nationale. Tant que la question sudiste ne sera pas sérieusement intégrée dans la gouvernance et la vie politique de la République, nous continuerons d’assister à ces bricolages politiciens sans issue.
Pendant ce temps, alors que l’opinion publique est distraite par des querelles politiciennes, le peuple souffre. Et ce sont eux qui m’importent : nos producteurs du Sud, les agriculteurs sans défense, abandonnés face à une armée tribale prompte à soutenir les éleveurs dans leurs exactions.
La seule solution politique viable pour sortir le Tchad de cette impasse est soit le fédéralisme, soit la fin définitive du militarisme. Nous ne sommes plus une nation !
Une telle réforme ne ferait aucun perdant : elle garantirait à tous une stabilité durable et un véritable progrès socio-économique.
La saison des pluies commence. Nos agriculteurs ont besoin de leurs terres pour produire, se nourrir et vendre l’excédent, y compris à ces mêmes éleveurs. C’est là la véritable chaîne de production et de consommation au Tchad. Introduire des armes dans ce circuit vital, arracher les terres par la force, est une folie. C’est la bêtise stratégique du pouvoir de Mahamat Kaka, une erreur historique qui poussera inévitablement les Sudistes vers l’autodéfense – tout comme cela s’est produit à Miski.
Le MPS et son armée clanique porteront alors la pleine responsabilité d’un second conflit civil. Mais cette fois-ci, je doute fort qu’ils en sortent vainqueurs. Car on ne gouverne pas longtemps un peuple révolté, surtout quand il s’agit de mes parents Sara.
À bon entendeur… au revoir.
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